Naissance d'un roman historique : l'imprimerie adecdotique
Par | Le 15/05/2018 | Commentaires (0)
L'imprimerie anecdotique
Dans mon roman, il est beaucoup question de l’invention de Gutenberg. Sans l’imprimerie, le Malleus Maleficarum serait certainement passé inaperçu et il n’y aurait pas eu 60 000 femmes brûlées pour hérésie.
Je ne vais pas refaire l’histoire ni vous raconter comment est née l’imprimerie. Mais juste en voici les grandes lignes et quelques anecdotes.
La première forme de typographie provient de la Chine en 1040, les caractères mobiles sont fabriqués en terre cuite. Mais c’était une méthode longue et fastidieuse, les caractères chinois étant aussi très compliqués. L’invention de Bi sheng de la dynastie Song ne fut améliorée qu’à partir du XVe par Johannes Gutenberg avec des caractères mobiles désormais en plomb, il développe également une encre plus épaisse qui adhère mieux aux caractères.
C’est au XIe siècle, sous la dynastie Song du Nord, que sont imprimés les premiers billets de banque, appelés jiaozi, ou tout au moins les plus anciens connus à ce jour. La plus ancienne publicité, imprimée à partir d’une plaque de bronze, date également de cette dynastie.
Le premier livre européen imprimé avec des caractères mobiles est "la grammaire latine de Donatus", en 1451, par Gutenberg et non la Bible, celle dite de la « Bible à quarante-deux lignes » en 1453, aussi par Gutenberg. Et pour l’anecdote, si les bibles de Gutenberg sont aujourd’hui classées parmi les livres les plus chers du monde (certains exemplaires complets valent plusieurs dizaines de millions de dollars), elles furent un échec commercial à leur sortie. En effet, l’impression des 180 ouvrages, une prouesse sans précédent pour l’époque, dépassa largement la demande et mena Gutenberg à la ruine qui avait dû faire des emprunts.
On dit aussi que c’est dans les premières années du XVIe siècle que l’on a inventé le livre de poche en exploitant l’innovation technique de l’impression in-octavo : pour économiser du papier, on repliait les feuilles plusieurs fois sur elles-mêmes en formant ainsi huit feuilles de plus petite taille. Seulement on sait, et j’en fais allusion dans mon roman, que le Malleus Maleficarum a été imprimé en tout petit format destiné à être toujours gardé dans les poches des inquisiteurs et sorti au moment opportun. « Le Malleus, qu’on devait porter dans sa poche, fut imprimé généralement dans un format rare alors, le petit in-huit. Il n’eût pas été séant qu’à l’audience, embarrassé, le juge ouvrît sur la table un in-folio. Il pouvait, sans affectation, regarder du coin de l’œil, et sous la table, fouiller son manuel... » Jules Michelet.
La chute de Constantinople, conquise par les Turcs en 1453, est contemporaine des débuts de l’imprimerie. Elle conduit beaucoup de savants Grecs à se réfugier à Venise et en Italie avec leurs manuscrits, notamment ceux des œuvres de Platon.
On reste en Italie avec l’écriture italique inventée en 1499 par Francesco Griffo, en réponse à la demande d’Alde Manuce, imprimeur vénitien qui voulait réduire la taille des livres, afin d’en faciliter l’accès aux étudiants. Elles étaient appelées à l’origine lettres vénitiennes. L’italique pour les Italiens, le gothique pour les Goths, ensuite on prit coutume d’appeler les caractères du nom de leur inventeur. Oui, mais si Louis Braille, qui tire son invention de son handicap, a bien donné son nom à sa « police de caractère », les caractères gravés par Claude Garamont ne sont pas son invention. Paradoxalement, le « Garamond » comme style graphique précède de quelques siècles sa carrière. En effet, dès 1530, Robert Estienne publie une édition des Orationes Partitiones de Cicéron dans lequel apparaissent deux corps d’un caractère romain extrêmement moderne, dont la gravure est aujourd’hui attribuée à un mystérieux « Maître Constantin » cité par le Memorandum de Guillaume Le Bé (1643).
Saviez-vous que c’est à Épinal vers 1850 que l’on trouve les premières impressions couleur en série ? Un important ressort de cet élan est dû à l’empereur Napoléon qui commanda des séries d’images à sa gloire, à la gloire du Premier Empire et de ses soldats. Puis petit à petit, elles servaient la propagande aux parents sur leurs enfants pour les bons usages. Afin de leur inculquer les bonnes manières, les plus sages avaient le droit aux belles images, les « devinettes », sur lesquelles on devait trouver des objets cachés, ou des jeux de construction à découper, aussi c'était moins coûteux qu'un vrai jouet. Bien qu’aujourd’hui une image d’Épinal désigne une idée ou un concept jugé dépassé, un cliché, plus adapté à la situation actuelle, les imageries d’Épinal ont survécu. Ce sont maintenant des artistes qui font appel aux imageries afin de réaliser des tirages numérotés de leur dessin. Les couleurs apportant aux créations quelque chose de très singulier et assez poétique à mon goût.
L’imprimerie améliore également l’exactitude des textes. Copier à la main étant un travail long et fastidieux, il arrivait que les copistes fassent des fautes, inconvénient difficile à éviter comme à corriger. Aujourd’hui se serait plutôt l’inverse, si faute il y a, faute sera sur le millier d’exemplaires…
En parlant de fautes, saviez-vous que jusque dans les années 80 on ne mettait pas d’accent sur les majuscules ni même de cédille au « c » majuscule. Car l’imprimerie se faisait encore avec des casses (casiers où sont rangés les caractères de plombs). Puis Macintosh et son Word ainsi que l’offset sont passés par là. Avec les correcteurs d’orthographe, on peut dorénavant mettre des accents sur les lettres majuscules ou une cédille au « c » majuscule. Mais si on ne le fait pas, est-ce vraiment une faute ?
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