La naissance d'un roman historique : les recherches documentaires
Par membre-admin | Le 20/03/2018 | Commentaires (0) | Roman historique, bestseller, littérature contemporaine
Se lancer dans un roman historique…
Les grandes lignes
Lorsque nous commençons l'écriture d'un livre, nous partons sur un aperçu vague de l'histoire, plus ou moins flou, ficelé au ras des coutures ou avec une trame précise, mais qui se modifie au fil des pages. Beaucoup d’idées nous arrivent et il est difficile de faire le tri. Ce que je fais : je note tout sur un petit carnet afin de ne rien en perdre et je vois ensuite ce qui est exploitable pour mon roman. J’ai toujours mon calepin à porter de main, car mes meilleures idées me viennent le matin au réveil alors que je n’ai pas encore posé le pied par terre.
Partir sur un flou artistique est certes un début, mais il faut vite se reprendre. Structurer son idée de départ, imaginer dès le début ce qui arrivera aux personnages, même si les faits risquent de changer au cours de l’écriture.
En ce qui concerne mon roman, et puisqu’il se veut historique, ce sont mes recherches documentaires qui lui ont donné le « la ».
Je souhaitais parler des sorcières, et par extrapolation, de la condition des femmes du moyen-âge.
Durant une grande partie de cette période, alors que les hommes disparaissaient fièrement, ou pas, pour guerroyer, les dames, elles, s’instruisaient. Elles devenaient entre autres médecins et on les appelait sages-femmes.
À la fin du XIIIe siècle, le pouvoir civil demande au pape une bulle afin d’autoriser la création d’une université où l’on pourrait par exemple enseigner la médecine. Aussi cette discipline exercée par les femmes jusqu’à ce jour fit que la faculté n’eut aucune autorité, le public n’ayant pas confiance en la science des hommes. Par jalousie on interdit donc aux dames et damoiselles l’entrée de l’université et aux professeurs de se marier. Je vous laisse imaginer les dérives qui en découlèrent et au fil du temps, les femmes pratiquant la médecine ou même de simples soins furent petit à petit suspectées de sorcellerie.
Avant de me lancer dans l’écriture du roman, il me fallait absolument vérifier tous les faits, les placer sur la ligne du temps, les entrecouper afin de faire évoluer mes personnages dans un contexte historique proche de la réalité.
De même, c’est une période dont la religion catholique ne peut pas être fière, et il me faillait vraiment être au plus près de la vérité afin de ménager les susceptibilités. Il ne s'agit pas de faire le procès des catholiques. Donc pas d’extrapolation, pas la peine non plus de noircir le tableau qui est déjà très sombre. Le fond de l’histoire doit être factuel.
Pour mes recherches, je commence par ratisser large : Google et ses petits frères (Google actualités, Google books, Google Image ou Google Vidéo)
et Wikipédia (par ailleurs, N’hésitez pas à utiliser la bibliographie de Wikipédia qui se situe à la fin de chaque dossier), mes vieux Lagarde et Michard et même les bouquins de mes gamines. C'est intéressant les livres d'enfants, et puis, on comprend tout ! Mais je garde à l’esprit de toujours vérifier mes sources.
Je trouve sur Google la date de la première sorcière morte sur le bûcher. C’est à Carcassonne en 1274 qu’elle fut brûlée vive. Adèle serait la première femme à être jugée par le Sénéchal Pierre de Voisins. C’était la première fois que l’inquisition rendait un jugement par les tribunaux quisitoriaux.
C’est donc, forte de ces quelques noms, et cette date que je poursuis mes recherches sur LE site où tout est répertorié, classé, et disponible : Gallica, le site de la Bibliothèque Nationale de France. J’y passerais ma vie !
Je tombe sur quelques ouvrages parlant de cette « anecdote ». Finalement, rien ne prouve qu’elle s’appelait Adèle, mais je découvre quelque chose de très intéressant : le marteau des sorcières.
Je dépiste un livre d’une méchanceté grotesque, qui est en fait la description d’un rituel de sacrifice humain, une sauvagerie codifiée qui permit la mise à mort sans réel jugement de millions de malheureux, enfin, de malheureuses, car comme disait l’inquisition de l’époque « La femme est plus volage que l’homme, plus facile à suborner, d’une inconsistance de complexion qui donne plus aisément prise au diable sur elle ; parce qu’elle a la langue plus mobile, ne sait rien garder et s’épand plus immodérément que l’homme en indiscrétions et sottises de toutes sortes… — Extrait du Marteau des sorcières - Le Malleus Maleficarum».
Je souhaitais parler de la première sorcière condamnée, finalement suite à cette découverte, mon histoire se déroulera au XVe siècle. C’est d’ailleurs une période que j’affectionne particulièrement et qui laisse la porte ouverte sur un roman se situant sur plusieurs décennies, et puis, Martin Luther n'est plus très loin...
La semaine prochaine, je vous parlerai des personnages et en profiterai pour vous donner quelques tuyaux si vous aussi, souhaitez vous lancer dans l'écriture d'un roman...
Naissance d'un roman historique Le Malleus Maleficarum La chasse aux sorcières Le marteau des sorcières Heinrich Kramer Institoris