Vie d'auteure : Un auteur indépendant est un auteur comme les autres…
Par | Le 08/05/2018 | Commentaires (0)
Un auteur indépendant est un auteur comme les autres…
… mais il est seul ! Et quand on vous dit qu’il est seul : il est vraiment tout seul, isolé, mis à l’écart, alone. Tout au moins c'est ce qu'il ressent au début de l'aventure.
Et tout seul pour faire quoi ?
Tout seul pour :
- se charger ou missionner quelqu’un de la révision du texte ;
- réaliser la maquette du livre et de la couverture (ou la fera réaliser s’il a un super pote dessinateur ou photographe) ;
- imprimer en nombre l’œuvre (même si vous passez par des solutions d'impression à la demande comme chez Amazon ou Bookelis, vous devez en prévoir pour les scéances de dédicaces, les services presses, et le dépôt chez certains libraires qui n'adhèrent pas au programme Bookelis - Parce qu'Hachette ne reprend pas les invendus)
- assurer la publication officielle (dépôts légaux…) ;
- faire la promotion du livre (service de presse, publicité, vernissage, scéances de dédicaces…) ;
- Trouver et réunir les fond pour participer aux salons littéraires ;
- assumer la diffusion et la vente ;
- tenir une comptabilité recettes/dépenses de l’activité s'il s'agit d'un revenu principal ;
- déclarer ses résultats aux services des impôts.
Pour les deux derniers points, ça va être vite calculé : vu qu’il est fait une très mauvaise presse aux auteurs indépendants (si si, sur Facebook j'ai lu « des livres remplis de fautes, une arnaque pour les lecteurs, n’est pas auteur qui veut, l’autoédition n’est pas un gage de qualité, n’importe qui peut vendre son bouquin sur Amazon, c’est la mort des librairies et petites maisons d’édition… » Et il n’y a pas que sur Facebook que l’on trouve ce genre d’insultes, j’ai vu la même chose sur des grands « canards »). Je rappelle que je suis auteure indépendante et que j'ai trouvé ces propos particulièrement choquants.
Une autre chose qui m’a fait enrager : j’entre en librairie, « bonjour, je suis auteure, proposez-vous des séances de dédicaces », « mais oui Madame, quel est votre éditeur ? » « Je suis auteure indépendante » puis le sourire s’en va comme par magie : « Ah, mais c’est ma femme qui s’occupe de ça, appelez-là plutôt… ». J'attends des réponses de quelques bibliothèques, peut-être que là..
De même, il est compliqué de vendre son roman en librairie alors que l’on est autoédité. Je les comprends ces libraires, environs 200 livres de sortis par jour, on ne peut pas tout lire et tout accepter.
Mais j’ai tiré le pompon lorsque je suis tombée sur cette pétition :
« Alors que les lecteurs plébiscitent les romans autoédités, que les libraires, festivals, salons... invitent régulièrement les auteurs indépendants à présenter et signer leurs ouvrages, ils restent exclus de(s) :
- Prix littéraires, alors que sont récompensés les ouvrages et leurs auteurs et non les maisons d’édition ;
- Bibliothèques, la base bibliographique Électre qui alimente les bibliothèques ne référence pas les auteurs indépendants ;
- La Société des Gens de Lettres, qui accepte uniquement l’adhésion des auteurs édités. »
Oh bah mince alors ! Moi qui postulais pour le prix Pulitzer ! Ce n’est pas parce que je ne suis pas américaine alors ?
Il faut que je me renseigne auprès du syndicat des auteurs indépendants afin de vérifier cette information. Je cherche son adresse sur le net.
Je tombe sur l’AAIF, l’Alliance des Auteurs Indépendants Francophones. Lancée le 20 février 2017, en moins de deux jours, l’AAIF a fait le buzz sur les réseaux sociaux : plus de 100 inscrits sur Facebook et sur Twitter et probablement plus encore à leur newsletter… c’est sans doute parce que ça manquait… non ?
Mais une dizaine de jours après, un autre projet, qui revendique plus de 600 auteurs, et qui fut lancé le 18 décembre 2016, se manifeste. « Créer une nouvelle structure ne fait que favoriser une division porteuse de dissidence et affaiblir la crédibilité des auteurs Indés sérieux », souligne l’une de ses membres.
Neil Jomunsi préfère donc mettre un terme à l’AAIF. Et qu’en est-il aujourd’hui ? Peanuts, nada, que dalle, pétole, rien j’ai envie de dire…
Il existe bien un syndicat national de l’édition, mais pour les autoédités mes recherches ne menaient nulle part, alors j’en ai eu assez de perdre mon temps.
Mais quand même… il doit bien exister autre chose que #JeudiAutoEdition, l’IndéPanda, le badge « je lis les auteurs indépendants » et « Le mag des indés » de Chris Simon !!
J’ai finalement trouvé une association internationale pour les écrivains autoédités… à Londres Messieurs Dames ! https://www.allianceindependentauthors.org/ et là, je trouve des témoignages du genre : "L’appartenance à ALLi a beaucoup à offrir à l’auteur indépendant ! En tant qu’écrivain traditionnellement publié, mon expérience m’a montré qu’à moins d’être un "box-office", les éditeurs ne font pas grand-chose pour vous à terme ..." ALLi (Alliance des Auteurs Indépendants). On est sauvés alors ?
Bref, j’ai lu quelque part que l’autoédition est une expérience enrichissante à défaut de vous rendre riche. Et bien ça, ce n’est rien de le dire, car non seulement on ne gagne pas d’argent, mais on en perd ! Parfois jusque dans les cabinets des psy !! Avant d'en arriver là, même si nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours, il ne faut pas perdre courrage. Vouloir s'auto-éditer est une preuve que vous êtes un battant et que vous croyez en votre projet.
La seule vérité bonne à dire dans tout cela est que si l’on veut que notre livre ait des lecteurs, il faut prouver au monde entier qu’il est écrit avec style, sans faute d’orthographe, que l’histoire tient debout et même vous touchera, et que les personnages ne sont pas stéréotypés, et que, et que, et que... Et comment le prouver ? En ayant des lecteurs pardi !
Mais, ce n’est pas un peu le chat qui se mord la queue ?
Alors, cherchons et trouvons des lecteurs puisque c’est la dame qui le dit (et oui, je suis tenace ! Je n’ai pas passé neuf mois d’écriture et autant à vouloir en faire la promo pour qu’il reste dans les tiroirs, ou mieux, dans la bibliothèque d’une centaine de lecteurs seulement !). La pub sur Twitter et Facebook : perte de temps et d’argent. Il me faut, comme dans les bonnes vieilles réclames de lessive, un professionnel en blouse blanche éclatante ou une Mère Denis qui sache de quoi elle parle pour chroniquer mon livre.
- C’est bien vrai ça !
Alors, j’ai lancé des messages aux blogueurs sur Facebook, Twitter, Instagram, par mail et j’ai eu... deux retours ! « Oyé, oyé, bonnes gents de la littérature ! Qui d’entre vous serait assez téméraire pour lire mon livre ? Personne ? Ah bon. Mais je vous jure que vous ne serez pas déçus ! Ma sœur et ma mère ont aimé… »
Deux blogueuses que mon roman intriguait (et par chance qui l’ont apprécié) ont réalisé de belles chroniques. Mais surtout, grâce à l’une d’entre elles, j’ai découvert le SP – Service Press. C’est sur le site « simplement pro » que vous trouverez cet outil fabuleux (https://simplement.pro/).
C’est un lieu de mise en relation entre auteurs et blogueurs. Les auteurs renseignent leur bio et proposent leur livre à la lecture. Si un chroniqueur est intéressé, l’auteur offre son livre en contrepartie d’une chronique. Tout le monde est noté, auteur comme chroniqueur, alors respectez bien les délais. Un article paraîtra alors sur le SP, le blogue du chroniqueur et en fonction, Facebook, Babelio, Livreaddict ou toute autre plateforme où sera inscrit le blogueur. Bien sûr, l’auteur prend le risque que son ouvrage ne plaise pas et que l’article reste en ligne et soit vu toute la durée de vie du blogue ou des plates-formes. Mais pour le coup, les lecteurs pourront avoir confiance aux critiques.
Conclusion : il faut que vous fassiez publier une multitude d’avis de professionnels ou de personnes reconnus par les lecteurs. Plus vous aurez de bons retours de votre ouvrage et plus vous aurez de chance qu’il se vende. Car dans l’autoédition, la bataille la plus difficile est de gagner la confiance des lecteurs et parmi eux, les irréductibles adeptes de maisons d’édition.
Le bon vieux bouche-à-oreille les enfants…
Nous sommes auteurs indépendants, certes, mais nous avons fait ce choix pour plusieurs bonnes raisons. La mienne étant de ne pas être saignée par un petit éditeur qui ne ferait absolument rien pour la promotion de mon livre. Il y en a pourtant des bonnes mais difficile, là encore de faire le bon choix. Ce roman, j’y ai passé du temps, j’y ai mis toute ma verve et mon cœur, j’y ai sacrifié de bons moments avec ma famille ou mes amis. J’avais deux vrais choix : être édité par une grande maison ou me débrouiller seule. J’ai choisi d’être libre, mais je ne dis pas que si l’on me propose de belles conditions je ne passe pas du côté obscur… ta ta ta taaaaaaaaaa tata taaaaaaaaaaa tata ! Parce qu’être seul pour faire la promo est chronophage et cela ne nous laisse guère de temps pour faire ce que nous aimons vraiment : écrire.
Vie d'auteure Marie-Laure KÖNIG - Auteure